Notre mascotte rousse profite des festivités pour jouer les petites sorcières et envoûter son bel amant à l’aide d’un philtre d’amour. Comme si elle avait besoin de ça ! Vous pouvez trouver la recette de ce cocktail dans notre numéro spécial “l’Art CULinaire”. 😉
En parlant de sorcellerie…
On associe souvent chasse aux sorcières et Moyen Âge, mais ces persécutions se rencontrent à toutes les époques et dans toutes les grandes civilisations. Elles connurent leur apogée aux XVI et XVIIe siècles, notamment aux débuts de l’imprimerie.
Les plus grandes chasses aux sorcières correspondent avec les périodes de guerre, de famines, épidémies etc… Il suffisait parfois qu’une personne tombe malade, qu’une grange brûle ou qu’une vache meure sans cause apparente, pour que la communauté villageoise désigne un coupable que son comportement ou sa marginalité avait rendu suspect.
On estime aujourd’hui le nombre de leurs victimes entre 50 et 100 000 sur les deux siècles, dont 80 % de femmes, appartenant aux classes populaires. Des guérisseuses connaissant les plantes, des prétendument blasphématrices, ou le plus souvent des femmes seules, vivant à l’écart des villages.
De nombreux ouvrages expliquent comment repérer, torturer pour extirper des aveux et enfin, comment tuer les sorcières. Parmi les plus connus : le Malleus Maleficarum, (Marteau des sorcières). Suite à la publication de cet ouvrage commence un mouvement d’arrestations systématiques dans toute l’Europe.
Les thèmes du vol nocturne, de la transformation en animal, de l’assemblée autour d’une figure surnaturelle, ont toujours appartenu au monde de la sorcellerie. Par contre, l’association au démon, au crime et à la sexualité fut construite peu à peu au cours du XVIe siècle, sous l’influence des théologiens et les inquisiteurs, diffusée à travers des traités de démonologie, puis entérinés par les membres laïcs des cours de justice ou des parlements.
« Sabbat de sorcière sur le mont de Brocken » Michael Herr (1650)
Les accusées connaissent généralement le scénario du sabbat diabolique, popularisé par les livrets de colportage et les contes. Ces cérémonies païennes nocturnes sont présidées par le Diable, ayant pris la forme d’un bouc. Les sorcières rassemblées adorent le Démon et renient la foi chrétienne. La cérémonie se poursuit par une orgie générale où les sorcières s’accouplent avec des démons incubes. Suit un grand festin au cours duquel sont dévorés des enfants préalablement mis à mort rituellement.
Elles étaient forcées de souscrire à cette vision des choses, sous la torture ou la pression psychologique. Leurs aveux confirmaient aux yeux de beaucoup la validité de cette description et contribuèrent à la répandre.
Les suspects ne peuvent que mourir : s’ils n’avouent pas, ils sont accusés de taciturnité diabolique et sont condamnés, s’ils avouent sous la souffrance, ils sont également brûlés.
On reproche notamment aux sorcières leur sexualité, dite débridée. Elles auraient le « vagin insatiable ». Selon l’Église, les sorcières apprécient particulièrement les positions « contre nature » chevauchant volontiers leurs compagnons, ce qui symboliquement renverse le rapport « naturel » de domination. Ces femmes s’envoient en l’air en chevauchant le balai que d’autres gardent plus volontiers dans leur c***ul.
« Le supplice de Anne Hendick », gravure, 1571
L’expression « chasse aux sorcières », existe toujours, en adoptant un sens plus figuré. Elle est utilisée aujourd’hui pour désigner la persécution de personnes au sein d’une société à cause de leurs opinions ou de leur appartenance à un groupe.
Presque toutes les femmes travaillaient à l’époque, et leur relative indépendance économique ne posait pas de problème. L’accusation de sorcellerie n’a donc probablement pas pour but de condamner une certaine émancipation féminine.
Les victimes de ces chasses étaient davantage punies pour leur hérésie, emprunté au grec ancien haíresis (« action de prendre, choix ») leur volonté active de ne pas rentrer dans le moule de la femme docile. Ces massacres expéditifs et populaires avaient pour rôle d’apaiser les tensions et de servir de défouloir morbide à la populace. Punir par l’exemple semblait la meilleure solution, et tous les moyens sont bons lorsqu’il s’agit de rejeter la faute. Une mauvaise récolte? La faute à cette satanée sorcière du village! Et cette nana qui ne m’a pas laissé lui glisser un mot doux et la main au panier, c’est certainement une déviante. On devrait lui mettre le feu pour voir si elle est faite de bois. Tous les raisonnements bouclés sur eux même se valent.
La pratique du bouc émissaire est encore vivante de nos jours, il suffit de voir comme se propagent les comètes virales et les scandales. Faire réagir l’émotion au maximum, scandaliser tant qu’on peut sur des sujets sensibles et voilà que le message se passe comme une traînée de poudre, les passions s’enflamment aussi bien que les bûchers, puis disparaissent bien vite dans l’oubli.
Pour lutter contre l’oubli, il existe la menace fantôme.
La fête d’Halloween, il y a dix siècles, était le jour de l’an païen. C’était la fête de Samhain dieu de la Mort. On croyait alors que la nuit précédant cette date, les esprits des morts venaient se mêler aux vivants, de même que tous les esprits de Féerie, gnomes, lutins, fées, ainsi que les démons. C’était pour conjurer ces sortilèges que les anciens avaient coutume d’allumer de grands feux et de danser, de rire, afin de vaincre leur peur.
Au cours de cette nuit, les sorcières enfourchaient leur balai, taillé dans du bois de genêt et enduit d’un onguent composé de plantes. Huuuum !
Joyeuse Halloween !
Illustration : Wulfila / Texte : Wulfila, Tykayn et Reg.
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