J’ai participé ce samedi 1er février, avec TyKayn et Wulfila, à la manifestation pour le droit à l’IVG organisée entre autres par le planning familial.
• Petit rappel sur l’IVG.
L’IVG ou Interruption Volontaire de Grossesse c’est ce qu’on appelle plus communément l’avortement. Il se pratique lorsque la mère pour des raisons diverses estime qu’avoir un enfant la mettrait en situation de détresse (physique, mentale, sociale…). Cette interruption de la grossesse peut se faire par une intervention chirurgicale ou par la prise de médicaments, selon le moment (délai) où elle se pratique. En France il est légal depuis les années 1970, concerne également les mineures sans autorisation parentale nécessaire et est remboursé par la sécurité sociale.
• Pourquoi cette manifestation ?
Cette manifestation a été organisée par plusieurs associations françaises (ANCIC, CADAC, Collectif Tenon, Planning Familial et 110 autres signataires), en soutien aux femmes espagnoles mais aussi d’autres pays dans le monde, pour lesquelles l’avortement n’est pas autorisé ou limité. Et en particulier pour lutter contre les régressions auxquelles sont parfois soumises les lois régulant l’IVG.
En effet, le gouvernement espagnol vient d’approuver un projet de loi qui n’autorise plus l’avortement que dans les cas de viol ayant fait l’objet d’une plainte ou de danger physique ou psychique pour la mère (avec évaluation par deux médecins différents extérieurs à l’établissement pratiquant l’IVG). Toutes ces mesures sont un retour en arrière pour les femmes espagnoles qui bénéficiaient auparavant des mêmes droits que les françaises en matière d’avortement.
• Quel impact de cette loi en Espagne et ailleurs ?
Cette loi risque d’entraîner une recrudescence des avortements clandestins et un retour de méthodes archaïques souvent dangereuses pour la mère (mélanges de plantes toxiques, extraction du fœtus… ).
En France, et en particulier à la frontière espagnole, on s’inquiète de voir un engorgement des centres pratiquant l’IVG. Les centres en questions seraient alors débordés et cela poserait des problèmes pour pratiquer les interruptions de grossesse dans les meilleures conditions et dans le délai imparti.
En outre, cette loi risque de favoriser certaines pressions psychologiques pour culpabiliser les femmes alors considérées comme « responsables de leur état ». Ce type de législation renforce les anti-IVG en Europe qui font souvent pression sur les femmes allant se faire avorter, évoquant des « IVG de confort ». En outre de nombreux médecins refusent encore aujourd’hui de pratiquer l’avortement dans des pays où il est légal. L’information elle aussi devient de plus en plus difficile à trouver dans ce contexte, de même que le soutien psychologique, alors que les sources de contre-information anti-IVG elles fleurissent (IVG.net au lieu de www.ivg.fr …).
Le site officiel: ivg.gouv.fr
• On en est où en France ?
En France, l’IVG est légal et gratuit pour toutes les femmes, le gouvernement a même récemment voté pour supprimer la notion de « détresse » du texte de loi, ce qui a provoqué de nombreux débats, notamment autour de la notion d’IVG « de confort » invoquée par ses détracteurs qui demandent entre autre la suppression du remboursement de certains cas d’IVG.
Pour le moment, le texte de loi régissant l’avortement pour les femmes en France est le suivant :
« Toute femme enceinte qui s’estime placée dans une situation de détresse peut demander à un médecin l’interruption de sa grossesse, qu’elle soit majeure ou mineure, française ou étrangère. Seule la femme concernée peut en faire la demande et seul un médecin peut la pratiquer, jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse. Ceci est un droit garanti par la loi (article L.2212-1 du code de la santé publique). (…)
Ce droit est garanti par la loi.
L’entrave à l’IVG constitue un délit puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. »
source: http://www.sante.gouv.fr/ivg
Les Femen, organisation féministe présente à la manifestation rappellent sur leur site internet « qu’en Europe, l’Irlande, la Pologne, Malte et Andorre interdisent l’avortement et considèrent que les femmes qui veulent décider elles-mêmes pour leurs corps comme des criminelles. » (femen.org)
En France, de nombreux médecins refusent toujours de pratiquer l’avortement, et les centres d’information et d’intervention de l’IVG sont souvent difficiles à trouver et leur accueil n’est pas toujours hospitalier. Les femmes sont toujours trop souvent soumises à des pressions de la part de leur entourage et des médecins. L’avortement reste stigmatisé, caché et peu accompagné.
Blue Eye
Photos: Céline Fernbach
Des sites d’information qui savent rester neutres, plein d’infos pratiques sur les lieux, les remboursements, les délais et des témoignages:
http://blog.jevaisbienmerci.net/