Amoureuses des chevaux

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Ruru-Licorne

L’équitation est aujourd’hui reconnue comme un sport essentiellement féminin, et à l’origine de cette évolution: le passage de la monte amazone, avec les deux jambes du même côté, à la monte à califourchon, une jambe de chaque côté! Ce qui dans le kamasutra ne se nomme pas amazone, comme beaucoup le pensent, mais andromaque.

Cette transition entre les deux ne s’est pas faite sans controverse; car si la monte en amazone n’a jamais dans aucune société concerné les hommes, la monte à califourchon a toujours concerné les deux sexes, même si, bien vite l’amazone s’impose pour les femmes…

Bien que moins rationnelle et efficace pour contrôler le cheval, la monte en amazone est alors considérée comme plus convenable pour les femmes: dès l’antiquité elle prédomine sur la monte à califourchon, monte qui ne sera plus permise au sexe féminin à partir du Moyen-âge. Cette obligation ne viendra pas d’une praticité de la femme de monter en jupe mais bel et bien de l’idée de la préserver d’ouvrir les cuisses!

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La réputation sulfureuse de l’équitation dicte qu’elle pousse au stupre, le mouvement de l’étalon échauffant les parties basses et poussant à la luxure. Ce rapprochement entre l’activité sexuelle et la monte à califourchon s’expliquant tout simplement par la position de celle ci. En effet, pour ressentir le cheval il faut relâcher les muscles abducteurs “gardiens de la virginité” et s’offrir au contact de l’animal, cette position prenant un sens très intime chez la femme, au vu des parties de son anatomie qu’elle sollicite. En revanche, la monte en amazone permet aux femmes de ne pas être titillées par les mouvements de leur monture et cela évitant tout contact fusionnel, empêche à la cavalière de s’offrir à son cheval.

“Il est incontestable que si la femme est charmante en amazone, elle se retrouve dans la presque impossibilité de faire obéir le cheval, que si vous perdez l’équilibre ou que votre selle se relâche, il vous suffit en monte à califourchon de serrer les cuisses pour maintenir l’équilibre et éviter la chute mortelle que la cavalière d’amazone ne saurait éviter.”

Tels sont les slogans des années 1900 pour faire changer les usages, mais tout comme le cyclisme sera considéré comme grotesque et vulgaire pour la femme, la monte à califourchon restera controversée et la lutte pour une monte égale fera partie des avancées du statut de la femme dans la société!

Aujourd’hui, on peut considérer qu’une fois le cap de la transition passée, l’image phallique du cheval persiste. Le fait de chevaucher reste dans les esprits associé au sexe. J’en ai retrouvé un exemple dans un extrait de “Même des cow-girl ont du vague à l’âme” de Tom Robbins:
“Des tas de parents, quand leur petite fille commence à se faire deux petites bosses sur la poitrine, ils lui achètent un cheval pour distraire son attention des garçons. Mais ce qu’ils lui achètent en réalité, c’est un vibrateur vivant de quatre cent cinquante kilos. Un cheval est idéal pour de la bonne et propre masturbation genre mains-sorties-des-couvertures, et il y a certaines filles qui ne dépassent jamais ce pied là.”

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Mais est-il vrai qu’on se masturbe en montant à cheval? La réponse est sans équivoque: la plupart des cavalières ne le pensent pas, même n’arrivent pas à l’imaginer.

Beaucoup disent que ça ne leur fait aucun effet, et même n’auraient jamais pensé à quelque chose d’aussi saugrenu, d’autres affirment le contraire, que ça peut même faire mal, voire irriter…

Je n’ai jamais eu, de mon expérience, qu’une seule cavalière qui m’a affirmé que ce n’était pas faux et même qu’elle descendait souvent de cheval la culotte mouillée.
-“Moi qui passe énormément de temps à cheval, au moins une heure par jour, voire deux ou trois, ça ne m’a jamais rien fait! Au contraire, selon les selles, je blesse à cet endroit-là, et c’est plutôt très douloureux… C’est aussi pour cela que je voue un culte à ma selle de rando, tellement confortable que je peux passer une journée entière dessus sans blesser! Et depuis que j’ai ma moumoute par dessus, c’est encore mieux, je dirais que c’est le pied, mais je ne prends pas mon pied.“

-”Le cuir, les mors, la cravache, les mouvements du bassin, la poitrine en avant, les fesses bombées et le fait d’être à califourchon ça en fait fantasmer plus d’un…”

-”Qu’ils viennent me voir monter ils fantasmeront moins mdr.”

-“Je rejoins l’avis du “non”, je pense que c’est lié à tous les fantasmes qui entourent le harnachement, le côté “bondage” et ce genre de chose ainsi que les ponyboys ou ponygirls, mais en ce qui me concerne, je ne trouve pas que le contact d’une selle soit spécialement excitant.”

-”Une fois à la radio, j’étais tombée sur une émission à la con, genre sur NRJ la nuit et y avait une fille qui disait se masturber sur une selle mais sans cheval en dessous…”

-”Ça doit pas être bien pratique… D’ailleurs je vois pas comment certaines peuvent ressentir du plaisir, se taper le cul dans la selle n’a jamais été très agréable”

En conclusion, on peut dire que si la mode et la symbolique nous vendent le cheval comme une bête de sexe, l’équitation reste un sport plaisant mais pas vraiment sexuellement parlant. Et que si les femmes se sont battues pour abandonner l’amazone c’est bel et bien vis à vis de la position sociale à laquelle ça les renvoyait et au confort. Plus que pour s’offrir une partie de vibrateur géant.
Alors, déçus?
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Texte et illustrations de Cold Ruru

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